Acerca de
Western Machine pue.
La sueur, l’huile de vidange, la poudre (pas la blanche, la noire, celle des munitions de 44 Remington à tête creuse), le stupre, et l’électricité saturée.
Western Machine porte une casquette rouge brodée Make America Horny Again. Western Machine est un power trio. Un concept qui fleure bon les années 70, quand Beck- Bogert-Appice, Cream, le Jimi H Experience ou ZZ Top (mais aussi les putains de Blue Cheer ou Grand Funk Railroad, des gens qui savaient ce que faire du boucan veut dire) régnaient sur l’idiome rock’n’roll, et évitaient de faire des prisonniers, préférant transformer leurs shows en déferlante façon Les Huns en vadrouille sur le continent.
Ces trois olibrius, qui mériteraient d’être fichés S (comme Scélérats), avaient déjà proposé un album crânement intitulé From Lafayette To Sin City, traduisant leur penchant coupable pour une Amérique fantasmatique (et encore un peu réelle, mais faut sortir des chemins tracés par Waze) à base d’alcool frelaté distillé dans les collines, de bouge en planches lazurées où des combos de blues déviant balancent leur riffs de l’enfer derrière un grillage qui protège la scène des jets intempestifs de canettes de Coors, tandis qu’au dehors, sous le pâle hâlo des réverbères, les tumbleweed roulent mollement vers l’horizon, vers là où personne n’est jamais encore allé (ou du moins n’en est revenu pour le raconter).
Le complot sonique est fomenté par Seb Le Bison, grand agitateur de l’underground turgescent, ci-devant guitariste de Rikkha, mais également producteur de quantité de groupes qui ont fait de Montreuil la Mecque du son qui tache avec élégance, et puis aussi président-directeur-général de Bullitt Records, et griffeur de riffs sur guitares vintage reconnu. François François, enfant de la balle (son père dirigeait l’orchestre de l’Olympia, et petit, il sautait sur les genoux de Bruno Coquatrix), puis batteur de Paris Combo, et des Champêtres de Joie, cogne ses peaux avec un swing de ressortissant du Mississipi. C’est ça, il cogne. Pas la peine d’en dire plus. Il cogne. Il chante aussi, par exemple sur “Back In Hollywood”, le premier titre extrait de cet album carmin.
A la basse post-atomique, et aux grimaces, Taga, hétaïre gothico-sexy célèbre dans tout Paris pour ses créations graphiques et sa petite peste à couettes, une sorte de mini-me qui a le profil pour piquer tous les bonbons le soir d’Halloween (et aussi le reste du temps, d’ailleurs). Modèle photo, fille cachée de Lux Interior et de Bettie Page, pin-up quintessentielle, elle joue aussi de la basse dans La Bonne, la Brute et le Truand et dans Swindle. Autant dire qu’elle a du rock’n’roll une pratique afirmée et que sa proximité avec le burlesque augure d’une présence scénique qui n’est pas près de faire inviter le groupe sur la chaine KTO.
Western Machine, c’est que du cinéma.
C’est rien de le dire, puisque sur leur nouvel album intitulé Short Cuts, les titres “Going Back To Hollywood”, “Western Dream”, ou “Down By Law” affichent une proximité avec l’univers des héros de celluloïd. Pour sûr, il y a là des grands espaces, des bisons en liberté, des lles sacrément bien roulées, des chevaux rouges...
Dès la (splendide) pochette signée de la main de Tristam D, artiste fumant et sans doute de bonne humeur le matin où il a dessiné ces 46 vignettes, on est projeté dans une salle obscure face aux portraits d’outlaws du rock et du cinoche, qu’il vous faudra identifier histoire de faire un trivial pursuit de pop culture tandis que le sillon débordera de lave incandescente. Avec une reprise de Tom Petty (“I Won’t Back Down”), des saillies de Mat Le Rouge au saxophone hâbleur, et dix chansons originales infusées dans les sables rouges de l’Arizona mélangés aux vapeurs banlieusardes de Montreuil, Short Cuts est sans conteste un ovni dans un monde formaté, un crachat à la face du yéyé urbain qui règne désormais sur la musique populaire de rythme. C’est bien une affaire de hors-la-loi, de marginaux, d’irréductibles, de freaks romantiques, qui au mépris des convenances et de la normalité perpétuent un esprit de liberté. Un rock’n’roll de frondeurs, où les guitares sont mal élevées, les chœurs un rien salaces, les tambours guerriers, les cuivres en chaleur, et le tout emballé dans une motricité de V8 superchargé. La chemise western et les boutons de nacre redeviennent tendance, et les saloons aux sols poisseux de sciure et de bourbon agglomérés remplacent les froides échoppes de bobos reconvertis dans le fooding sourcé et l’IPA locale. La fin du monde approche, il est tout à fait grand temps de s’esbaudir une dernière fois...
Short Cuts est un raccourci vers l’extase électrique. La première tournée est pour moi...
Jean Eric Perrin
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